SOUS FRANÇOIS I".
Ung des serviteurs du s1' arcevesque de Transilvania qui passa par
icy en ce moys de may, allant en France ambr vers S. M. pour ledit
roy de Hongrie x m'a confirmé pour tout certain la mort dudit s'1, et
comme si la fatallité du royaulme de Hongrie ne fust assez déplorée, a
m'a conté que avant son trespas desjà les deux vayvodaz de Transil-
vania, c'est Stephano Maylac et Ymbric Balassa, s'estoyent rebellez
contre ledit roy, lequel avoit prins sur eulx deux places d'importance,
et sur le temps de son trespaz les tenoit assiégez tous deux dedans
ung chasteau fort appelé Foucaras, lequel siège, après sondit trespaz 1
n'a laissé de continuer le thresorier dudit royaulme, nommé frère
Gcorge, hermite lequel estoyt ordonné et prest à se partyr ponr
aller porter au G. S. la pension des années passées, qui se montoyt
en somme troys cens mil ducatz et entretient ledit siège avec luy Va-
lentin Thurec, cappitaine général de toute la Hongrye; et d'aultre
paît Peter Périgny, l'ungdes plus grandz seigneurs dudit royaume,
avecques l'évesque de Agria, voysin dudit gentilhomme, qui se tient
en Cassovia, tenoyent pour le roy Ferdinando. La reyne estant relevée
de couche d'ung filz que Dieu leur avoit donné, s'est saisye du trésor,
lequel, après avoir esté grandement dyminué à cause de ladite pen-
sion tirée pour ledit G. S. n'est pas beaucoup riche en argent content,
mais en quelques joyaulx et bagues. Le roy Ferdinando, vivant ledit
roy deffunct, a chairché par tous moyens plusieurs foys de avoir l'in-
vestiture dudit royaulme par le G. S. il est vraysemblable que à pré-
sent il est pour plus insister et pourchasser de l'obtenyr que jamais,
et n'est besoing vous dire combien cella les rend difficilles et haul-
tains.
Venise, 1"' septembre 1540.